Le chevauchement – Hund.fr

Il y a des comportements qui sont particulièrement pénibles pour l’humain, voire très gênants et le chevauchement en fait souvent partie. Par le mot chevauchement je désigne le comportement suivant : monter ou grimper sur quelque chose, le saisir entre ses pattes et agiter (ou non) les hanches comme pour effectuer une saillie. Le chevauchement que l’on retrouve parfois sous le terme de « zigner » est donc un comportement associé à la sexualité et à la reproduction mais il est très important de comprendre qu’il ne s’y limite pas.

Si le chevauchement nous semble peut-être plus courant chez les mâles entiers, il existe également chez les mâles castrés mais on le retrouve aussi chez les femelles qu’elles soient stérilisées ou non. C’est donc un comportement qui peut être adopté par n’importe quel chien, peu importe son sexe, ses hormones, son gabarit, sa race ou que sais-je encore. Maintenant que nous avons vu qu’il n’y avait pas de profil type de « chevaucheur », nous pouvons également prendre le temps d’établir qu’il n’y a pas non plus de profil type de « truc à chevaucher ».

L’élément chevauché peut être un autre chien, que ce soit un mâle ou une femelle, stérilisé ou pas. Le chevauchement peut être une simulation relativement fidèle d’une saillie ou être plus créative en se plaçant sur l’avant du chien, voire en travers. Pour le chien chevauché, ce comportement en dehors de la saillie, peut être particulièrement surprenant et pénible, il n’y réagira pas forcément très bien. Mais l’élément chevauché peut également être d’une autre espèce que ce soit un chat, un humain ou autre. Là encore, l’individu peut être un mâle ou une femelle.

Les objets inanimés ne sont pas en reste, des chiens chevauchent des peluches, des coussins, des paniers, … Le chevauchement est donc un acte qui peut s’exprimer sur une variété d’élément très variés allant des objets inanimés aux êtres vivants de diverses espèces.

Généralement, il est conseillé de trouver la cause du comportement pour pouvoir travailler dessus et si vous désirez que votre chien cesse de chevaucher c’est également un très bon conseil. Cependant, il est très difficile d’être certain des causes d’un tel comportement. Ce dont on peut être sûr c’est que ce comportement n’a rien à voir avec un comportement de dominance et ce n’est d’ailleurs jamais le cas car la dominance n’est pas un but en soi. Nous pouvons aller plus loin en rappelant que ce comportement n’est pas non plus lié à la mise en place d’une hiérarchie de dominance et de subordination et ce, pour plusieurs raisons par exemple le fait que cela s’exprime sur des objets rend cette hypothèse invalide. Le fait que cela arrive sur des chiens connus, inconnus, dans des situations variées tend à montrer que ce n’est pas lié à leurs relations ou à un équilibre à trouver dans la relation. Enfin, il est important de rappeler que la hiérarchie est une hypothèse concernant l’organisation sociale qui s’avère invalide pour décrire la relation entre humains et chiens, mais qui est également particulièrement discutable et surtout inutile pour décrire la relation entre chiens. Ce sont des idées que nous pouvons écarter.

Par contre, pour expliquer le chevauchement, nous avons plusieurs pistes plus pertinentes. Puisqu’on retrouve des simulacres de chasses à travers le jeu, on peut se demander s’il ne s’agirait d’un simulacre de reproduction, une tentative loupée qui ferait office d’entraînement. Cette hypothèse est à prendre en compte même si elle n’explique pas pourquoi les femelles chevaucheraient, elles-aussi, alors qu’elles ne se reproduisent pas ainsi.

Une piste plus courante et plus facile à vérifier est la piste d’une émotion difficile à gérer. Il peut s’agir d’une excitation débordante ou d’un stress, par exemple, que le chien canalise à travers le chevauchement jusqu’à s’apaiser. C’est à cause de cette piste, entre autres, qu’il ne faut surtout pas punir son chien lorsqu’il chevauche : on pourrait augmenter son stress, son angoisse voire son excitation et ainsi augmenter le problème. Par contre si l’objet chevauché est un autre chien qui ne parvient pas à se dégager ou un enfant par exemple, il ne faut pas hésiter à intervenir pour l’aider. Cela doit simplement s’effectuer dans le calme. Dans ces cas-là, on éloigne le chien chevaucheur.

Ce qui peut être mis en place, outre un travail sur les émotions pour apaiser le chien et limiter son besoin d’évacuer en chevauchant, c’est de lui offrir une nouvelle manière de gérer les choses. On peut le faire en lui proposant, lorsqu’il montre des signes avant-coureurs ou à défaut, lorsqu’il chevauche, de mastiquer, de prendre un jouet en gueule, … bref, d’adopter un comportement apaisant de substitution. Il est également possible de capturer les bons comportements en anticipant et en récompensant le chien avant même qu’il ne grimpe ou quand il préfère adopter un comportement qui nous convient mieux. On peut aussi apprendre à descendre sur commande pour faire cesser ce comportement de manière temporaire, afin de le rendre plus gérable, mais cette méthode ne sera qu’une aide.

Si ce comportement est particulièrement gênant notamment lorsqu’il se montre devant d’autres humains, il vaut mieux anticiper en proposant directement cette autre activité de substitution. Il ne faut pas hésiter à expliquer que ce n’est forcément sexuel du point de vue du chien afin de dédiaboliser ce comportement et si ça s’avère nécessaire, il peut être intéressant d’isoler le chien temporairement pour éviter qu’il ne chevauche des invités par exemple.

Il nous reste énormément de choses à découvrir sur le chevauchement et ses causes, alors soyons prudent dans nos conclusions et toujours délicat dans nos approches et nos méthodes.

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Dogspirit Education Canine Comportementaliste 06.23.62.50.40 Montpellier et environs Tatjana Cerabona - Educateur canin, spécialiste de la relation Homme-Chien

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