Age d’adoption, pourquoi les avis divergent ?

Parmi les très nombreux sujets qui peuvent faire débat il y a l’âge d’adoption chez le chiot. Derrière un sujet qui semble somme toute pratique, il y a une question de connaissance du développement comportemental et de prise en compte du bien-être qui est assez fondamental. Donc on va revenir un petit peu sur les différentes opinions afin d’essayer de les expliquer.

1 – Le plus tôt possible

Lorsque les petits naissent, ils ne savent pas qu’ils sont des chiens. Ça parait bête, mais c’est un apprentissage parmi d’autres qui va devoir se faire. Il s’agit de l’imprégnation. Certaines personnes pensent qu’en prenant un chiot très tôt et en l’élevant au biberon, ils auront un meilleur compagnon, plus proche d’eux. Ce qu’il se passe en réalité, c’est qu’au lieu d’apprendre qu’ils sont des « chiens », dont les partenaires sexuels (par exemple) seront d’autres chiens,… Ils apprennent qu’ils sont des humains. Seulement, c’est un mensonge, ces chiens sont des chiens, qui seraient sans doute plus heureux en étant au courant et en apprenant à communiquer avec d’autres membres de leur espèce.

Isoler ainsi un chiot de sa mère et de sa fratrie n’est vraiment pas une bonne chose du point de vue du bien-être… Il est intéressant de noter qu’un certain nombre de problèmes de développement comportementaux pouvant être assimilés à de véritables handicaps peuvent arriver lorsque l’on sépare ainsi un chiot de sa famille de façon précoce. D’un point de vue légal, en France, c’est interdit de procéder à ce type d’adoption.

2 – Dès le sevrage alimentaire

Le sevrage alimentaire (passage du lait maternel à une nourriture plus solide) marque une transition importante qui s’effectue vers 4 / 5 semaines. On peut notamment voir la mère qui commence à repousser ses petits. Certains pensent alors qu’elle est prête à en être séparée et que c’est un bon âge pour adopter. Malheureusement, si à cet âge-là, on commence à ne plus parler de problèmes liés à l’imprégnation, les petits ne connaissent pas encore correctement les codes canins et devraient être en plein apprentissage du contrôle de leurs morsures. Les séparer aussi tôt de la mère et de la fratrie est donc une erreur qui peut conduire à un certain nombre de problèmes de comportement.

D’un point de vue légal, en France, c’est également interdit d’adopter à cet âge.

Périodes de la peur chez le chien

3 – 7 semaines

On va commencer à devenir très précis sur les dates, avec cette première date de 7 semaines. A 7 semaines, le chiot débute tous les apprentissages importants. C’est une période où il est encore extrêmement curieux et apte à faire des apprentissages pour le reste de sa vie. C’est notamment la période où il va apprendre à reconnaitre les espèces amies.

C’est l’une des grandes différences entre un chiot de cet âge et un chien adulte. Toutes les rencontres agréables avec des espèces les ajouteront au grand « catalogue » des espèces « amies » et inversement, tous les traumatismes et les mauvaises expériences ajouteront les espèces en question au catalogue des espèces « ennemies ». On parle là non pas d’un individu qui sera compris comme étant « ami » mais réellement toute l’espèce, donc de prime à bord, chaque nouvel individu de cette espèce sera « ami » ou « ennemi ».

A 7 semaines, c’est important de permettre au chiot de se sociabiliser aux autres espèces qu’il rencontrera dans sa vie. Chat, canard, mouton, cheval, chèvre, poule, cochon, oie, âne, etc. Mais ça ne concerne pas que les autres espèces mais également le milieu de vie dans son ensemble.

Le problème c’est que l’endroit où le chiot naît ne sera sans doute pas identique à l’endroit où il vivra. Prenons le cas d’une personne élevant un chiot et vivant à la ferme. Il peut montrer au chiot les tracteurs, les champs, les ânes, les poules, les chèvres… et il va en ville pour montrer d’autres environnement au chiot. Manque de chance, ce chiot devra aller dans un environnement un peu différent de tout ça. Il sera adopté par un cavalier, il devra donc être parfaitement OK avec les chevaux et ce cavalier aura un perroquet. Il serait tout de même dommage de louper cette « fenêtre » de curiosité et de laisser le chiot ne pas connaitre ces espèces.

Par contre, à cet âge-là, le chiot a encore besoin de contact avec ses congénères car il n’a absolument pas fini d’apprendre à être un chien socialement compétent. D’un point de vue légal, il est interdit d’adopter un chiot de 7 semaines en France.

4 – 8 semaines

A 8 semaines, il y a pleins de points communs avec le cas des « 7 semaines » mais la grande période de curiosité est en train de passer et on bascule vers une période de peur, d’appréhension, de timidité… Ce n’est pas encore pleinement le cas et on a un petit peu de temps pour présenter les espèces amies.

Cette période est donc encore propice à l’adoption, même si elle nécessite que le chiot soit mis en contact avec d’autres chiens pour poursuivre différents apprentissages. Ce n’est donc pas une période de tout repos pour l’adoptant qui aura beaucoup de choses à faire, mais c’est une période intéressante.

D’un point de vue légal, c’est le premier âge où l’on a le droit d’adopter en France.

5 – 12 semaines

En adoptant à 12 semaines, on loupe totalement l’intégration d’espèces amies, donc si on est cavalier possesseur de perroquet et que l’on adopte chez des personnes n’ayant ni accès aux chevaux, ni aux perroquets, cela pourrait être un petit peu plus compliqué pour la suite.

A 12 semaines, certaines sources indiquent que le chiot quitte sa grosse période de peur et reprend gentiment confiance. Il pourrait y avoir des petites chutes de confiance par la suite, mais c’est une période plutôt favorable. Par contre, on a loupé une bonne chance de socialiser le chiot à son futur environnement de vie et on doit donc s’en remettre au travail qui a été effectué avant par la personne ayant élevé le chiot.

Cet âge d’adoption est légal et peut être un super choix ou un choix super catastrophique… en fonction de ce qui a été fait avant.

6 – Le plus tard possible

L’idée est que le chiot va apprendre au contact de sa mère et de sa fratrie des tas de comportement et qu’au plus il restera avec elle, au plus il sera bien dans ses pattes. Comme l’option précédente, tout dépend du milieu de vie, de l’implication de la personne ayant fait naître le chiot, de l’environnement de l’adoption,…

Donc comme vous pouvez le voir pour parler de l’âge d’adoption, il y a aussi un autre critère qui est particulièrement important c’est l’endroit où le chiot est né, ce qui est fait et à quel point c’est similaire à l’environnement qu’il devra côtoyer pour le restant de sa vie.

Personnellement, je pense que l’on ne peut pas attendre l’impossible d’une personne faisant naître des chiots. Il est important qu’elle soit présente, qu’elle manipule les chiots, qu’elle leurs fasse découvrir des tas de choses… La responsabilité qui pèse sur ses épaules est énorme mais on ne peut pas attendre qu’elle ait accès à la totalité des espèces domestiques possibles et imaginables, à la totalité des environnements potentiels et ce pour chaque chiot de la portée… et bien-sûr en respectant leurs temps de sommeil et leur rythme. Donc à moins d’être voisin avec des modes de vies assez similaires, une adoption à 8 semaines me parait conseillée. Et si la personne est vraiment extraordinaire, alors attendre un petit plus longtemps peut être également une bonne chose.

Dans tous les cas, il est important de respecter la légalité et de ne pas adopter avant 8 semaines, c’est vraiment le minimum. Voilà, j’espère que ce petit sujet vous aura éclairé sur les âges d’adoption mais également un petit peu, sur le rôle très important des personnes faisant naître des chiots. C’est l’une des raisons qui fait que tout le monde ne devrait pas se permettre de faire reproduire leur chienne.

Rédigé par Céline de Hund.fr à retrouver sur :
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Dogspirit Education Canine Comportementaliste 06.23.62.50.40 Montpellier et environs Tatjana Cerabona - Educateur canin, spécialiste de la relation Homme-Chien

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