L’incontinence urinaire

L’incontinence urinaire est fréquente, en particulier chez les chiennes, et représente autant un problème pour le propriétaire que pour l’animal. Elle peut être congénitale ou acquise.

80% des animaux souffrant d’incon­tinence urinaire ont une incompétence du sphincter de l’urètre, une affection qui peut être congénitale ou ac­quise. Elle touche les deux sexes mais les femelles sont beaucoup plus prédisposées. Les facteurs favorisant l’apparition d’une incompétence sphinctérienne sont une diminution de la tonicité de l’urètre, de la longueur de l’urètre, un col vésical en position intra-pelvienne, une déficience des mécanismes contrôlant les voies urinaires basses, une taille importante de l’animal, la race, une ova­riohystérectomie/ovariectomie, les hormones et l’obésité. Les races de grand format (ainsi que les races géantes) sont encore plus à risque ; on notera en particulier le Doberman, le Bobtail, le Rottweiller, le Braque de Weimar, le Springer spaniel et le Setter irlandais.

Le mouvement caudal de la vessie qui se produit lorsqu’un chien se couche est plus prononcé chez les chiennes souffrant d’une incompétence sphinctérienne. On pense que l’importance de la position du col vésical vient de l’effet de la pression abdominale sur l’urètre qui, si le col était en position intra-abdominale, contrebalancerait l’augmentation de la pression intravésicale. Ce transfert de pression vers l’urètre est absent/réduit chez les chiens dont le col vésical est en position intra-pelvienne.

Il existe une association entre la stérilisation et l’incontinence urinaire, qui est probablement due à un manque d’œstrogènes circulants, bien qu’un excès de gonadotropine puisse également être un facteur favorisant. D’une façon générale,les chiennes stérilisées ont huit fois plus de risques d’être incontinentes par incompétence sphinctérienne que les chiennes entières. Ainsi, si 100 chiennes n’étaient pas stérilisées à l’âge de 10 ans, deux d’entre elles serait incontinentes. Si 100 chiennes sont stérilisées, 16 d’entre elles seront incontinentes à l’âge de 10 ans. Il est possible que la stérilisation avant les premières chaleurs augmente le risque d’apparition de l’incontinence, bien que ce fait n’ait pas encore été prouvé.

Bien qu’elle ne soit pas un facteur déterminant, l’obésité peut aggraver le degré de l’incontinence.

Quelques causes moins courantes d’incontinence urinaire :

  • Congénitales : urètre ectopique, hypoplasie vésicale, persistance du canal de l’Ouraque, intersexualité ou affection neurologique congénitale

  • Acquises : affection prostatique, tumeur vésicale, fistule urétérovaginale, affection

neurologique acquise, hyperactivité/instabilité du détrusor, incontinence par dépassement des capacités de la vessie associée à une rétention chronique.

Anamnèse et signes cliniques

Le propriétaire remarquera généralement que son chien est devenu incontinent urinaire. Le chien en lui-même ne présente généralement aucun signe clinique à part essayer de se nettoyer. On relèvera des traces d’urine aux endroits où la chienne s’est couchée car l’incompétence sphinctérienne est majorée quand le chien est en position couchée. Lors de pertes en gouttes continues, il faut plutôt penser à un urètre ectopique (surtout chez les jeunes chiens) ou à une fistule urétérovaginale. Il est possible d’observer une hématurie, une dysurie et/ou une pollakiurie chez les chiens qui présentent une affection prostatique, une tumeur vésicale, un trouble neurogénique ou une instabilité/hyperactivité du détrusor. Il faut bien distinguer l’incontinence d’un problème comportemental associé à une élimination inappropriée comme lors de la perte de la propreté. Dans ce cas-là, on aura plutôt des grosses flaques d’urines dans des endroits inappropriés plutôt que des petites flaques dans beaucoup d’endroits différents où le chien s’est couché. Il arrive parfois que l’on remarque que le chien est incontinent avec l’apparition d’une polydipsie provoquée par un diabète ou un syndrome de Cushing par exemple.

Techniques diagnostiques spécifiques

Dans la vaste majorité des cas chez les chiens, il est possible de poser le diagnostic d’incontinence urinaire acquise suite à une incompétence sphinctérienne, en se basant uniquement sur l’anamnèse et l’examen clinique ;si le chien ne souffre que de cette affection, on ne relèvera aucune autre anomalie au cours de l’examen clinique. Tant que, mis à part l’incontinence, le chien est en bon état général,il est possible de mettre en place un traitement d’essai pour cette affection sans effectuer d’examen complémentaire.

Traitement

Le traitement d’une incontinence urinaire par incompétence sphinctérienne peut être médical ou chirurgical. Le traitement médical peut être hormonal ou reposer sur l’administration d’agents sympatho­-mimétiques. Les agents sympatho-mimétiques améliorent le contrôle de la continence en augmentant la tonicité de l’urètre. Le traitement médical le plus utilisé à l’heure actuelle est une molécule alpha­-adrénergique qui est la phénylpropanolamine (Propalin®, Vétoquinol). Les chiennes stérilisées incontinentes peuvent aussi répondre à l’administration d’œstrogènes tels que l’estriol (lncurin®, lntervet). Il arrive que certains animaux répondent bien à l’administration d’œstrogènes ou d’alpha-adrénergiques au départ, puis que l’incontinence revienne. Dans le cas des œstrogènes, il est possible que les récepteurs se désensibilisent. Les œstrogènes sensibilisent les muscles lisses de l’urètre à la stimulation alpha­ adrénergique, il est donc conseillé d’associer les œstrogènes à une molécule alpha-adrénergique afin de diminuer la posologie de chaque médicament et ainsi réduire leurs effets secondaires. Le taux de réussite du traitement avec ces molécules à long terme est d’environ 50 %. Il est possible d’utiliser des androgènes chez le chien mâle castré, mais l’expérience de l’auteur montre que les résultats sont décevants. Il faut essayer de faire perdre du poids aux chiens obèses. Lorsqu’une jeune chienne est incontinente, on déconseille de la stériliser, ou au moins d’attendre qu’elle ait eu deux fois ses chaleurs, car l’incompétence sphinctérienne congénitale peut guérir spontanément après le premier ou le deuxième œstrus dans certains cas.

Les principales options chirurgicales pour traiter une incontinence urinaire par incompétence sphinctérienne sont :

  • D’augmenter la résistance de l’urètre en plaçant des bandelettes synthétiques péri-urétrales, un sphincter artificiel ou en effectuant des injections intra-urétrales avec une molécule hydrophile (collagène par exemple)

  • D’augmenter la longueur de l’urètre à l’aide de techniques de reconstruction du col vésical

  • De repositionner le col vésical en position intra­ abdominale par colposuspension (chiennes) ou pexie des canaux déférents, urétropexie ou prostatopexie (chiens mâles).

Généralement, le taux de réussite d’un traitement chirurgical est de 50 %. Il est préférable que ce soit un chirurgien spécialisé qui effectue ces opérations.

Que faire si son état ne s’améliore pas ?

Si l’incontinence ne s’améliore pas suite au traitement médical mis en place comme décrit précédemment, il faut effectuer des examens complémentaires pour éliminer les autres hypothèses diagnostiques. Pour différencier les diverses autres causes d’incontinence urinaire, on aura recours à la radiographie avec produit de contraste, à l’échographie, et si possible à un examen urodynamique. Ces techniques nécessitent des compétences particulières et beaucoup d’expérience.

Si une incontinence urinaire par incompétence sphinctérienne est confirmée suite aux examens complémentaires, et si l’animal ne répond pas bien au traitement médical, on conseille d’envisager un traitement chirurgical.

Comme l’incompétence sphinctérienne est fréquente, on peut essayer un traitement empirique sans grand risque d’aggravation même si le diagnostic est incorrect. Le traitement médical de cette affection n’engendre généralement pas de frais excessifs même s’il y a de fortes chances qu’il doive être poursuivi à vie. Cependant, si l’incontinence persiste, il faudra réaliser des examens complémentaires qui feront alors inévitablement augmenter la facture. Le traitement chirurgical des différentes causes d’incontinence coûtera plus cher initialement mais peut se révéler plus rentable que les médicaments à long terme, en particulier chez les chiens de grande race. Il faut également essayer de faire perdre du poids aux chiens obèses pour améliorer leur contrôle de la continence.

Rédigé par Dr T. Bedossa, Clinique vétérinaire du pont de Neuilly

http://cliniqueveterinairepontdeneuilly.fr/2016/01/11/lincontinence-urinaire/

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