Communiquer avec son chien

Vous avez le pouvoir (et le devoir) de soigner votre relation avec votre chien. Cela dépend de votre façon de communiquer avec lui, c’est à dire de vous comporter et de vous exprimer. Soyez donc attentif à vos attitudes, à vos paroles, à vos gestes et à vos actes.

Pour une communication efficace.

 

Les mots

 

Pour le chien le mot ou la phrase n’est qu’un signal qui, isolé de son contexte, n’a pas de signification. C’est l’intonation qui donne un sens au mot, et qui indique éventuellement l’état émotionnel (neutre, indifférent, joyeux, en colère etc.) et les intentions de celui qui lui parle. Cependant moyennant un apprentissage systématique, le chien peut comprendre entre une vingtaine et une centaine de mots.
Souvent le problème pour le  maître est que, cet apprentissage n’ayant pas été fait,  le chien ne réagit pas convenablement à ce qu’il lui est demandé oralement. Parfois le chien réagit à un mot sur une intonation, et ne réagit pas au même mot sur une autre intonation. Enfin il arrive que l’apprentissage ait été réalisé, mais que le maître utilise des synonymes. Dans tous les cas c’est incompréhensible pour le chien.  Le maitre est alors déçu. Le chien est déboussolé.
Si le ton est, même involontairement,  directif, autoritaire ou menaçant, le chien peut ressentir un stress plus ou moins fort dans cette situation d’incompréhension. Inversement, quoi que l’on dise, plus le ton est enjoué, guilleret ou joyeux plus le chien est sécurisé et ressent avec plaisir votre empathie ou vos encouragements.

 

Les gestes

 

ils sont parfaitement captés par les chiens, et beaucoup plus facilement assimilés.
En les associant à des situations données (favorables ou désagréables), ou à des renforcements reçus (encourageants ou dissuasifs),  le chien peut facilement  assimiler ces gestes à des invitations, des ordres, des interdits. A la condition bien sûr que pour chaque instruction le geste donné soit toujours le même. Cette faculté nous sera très utile en éducation du chiot ou du chien adulte.
Mais souvent c’est par le geste, même inconscient, et par les mimiquesque vous allez exprimer vos sentiments (bienveillance ou menace, récompense ou réprimande) à votre chien et il y est trés sensible. Mais attardons nous un moment sur la perception des caresses pas le chien.

 

Les mains.

 

Le langage des caresses.
Les chiens, en général, adorent les calins, surement parce que ce sont les moments où leurs maitres sont les plus disponibles pour eux.
Les caresses sont des traits d’union entre l’homme et l’animal. L’un a plaisir à les donner, l’autre à les recevoir. Mais, assimilées à du  langage corporel,  les caresses ont des significations différentes selon l’endroit ou elles sont prodiguées, et selon le tempérament du chien qui les reçoit.
Sur la tête, les caresses peuvent provoquer un malaise chez certains chiens indépendants, et faire fuir les tempéraments rebelles. Ceci est peut être du à une certaine similitude avec l’attitude du chien qui marque son autorité en posant son menton ou une patte sur le dos ou la tête d’un congénère. Il convient, surtout pour un enfant, d’éviter de caresser un chien inconnu sur la tête.
Sur le dos les caresses sont amicales mais signent une certaine autorité bienveillante, plus ludique que sur la tête.
Sur les flancs  les caresses sont franchement amicales.  Elles suggèrent l’invitation au jeu, et donc plus tôt à eviter pendant les sénces d’éducation ou l’on a besoin de toute la concentration du chien.
Sous le menton et sur le cou, les caresses sont apaisantes. Le chien allonge facilement le cou pour aller au devant de la main. C’est  la zone la plus propices pour dispenser récompenses et encouragements
Sur le poitrail, les caresses sont très affectueuses, deviennent plus sensuels.
Sur le ventre, les caresses sont quasi maternelles, comme l’était le léchage de la mère au temps ou il était chiot. Il se peut même que un chien très craintif, très traumatisé vous présente le ventre dans un état d’abandon total. Donnez lui ces caresses, elles sont très rassurantes pour lui, et vont l’aider à reprendre confiance.
Gare aux lieux communs et aux erreurs
Un certain nombre de pieges  ou de lieux communs sont à éviter sous peine de déstabiliser son chien, voir de provoquer  des réactions désagréables.
***Vous avez entendu dire que pour le punir d’un acte que vous considerez comme une bêtise, « vous le prenez par la peau du coup et pour faire plus fort vous le secouez ». C’est faux. Pour lui c’est une menace de mort….Alors bonjour la frayeur du chien , et sa confiance en vous. Et si vous etes mordu par le chien qui défend sa peau vous ne pourrez vous en prendre qu’a vous.
***Vous avez entendu dire « On ne  tape pas un chien avec la main. On utilise un journal roulé ou un bâton ». C’est faux. On ne fait pas, comme je l’ai vu faire avec effarement,  tournoyer le chien au bout de la laisse comme un lasso. Le lasso c’est pour les idiots. Le journal ou le bâton c’est pour la fable. Le chien sait très bien que c’est la main qui les actionne. La mère du chiot pouvait se servir indifféremment de sa bouche pour  réconforter (lecher) ou pour sanctionner (serrer) le chiot. Votre main maintenant peut servir pour réconforter et récompenser (caresse) ou pour réprimander. Mais il vaut mieux éviter de punir avec la main car c’est elle qui va guider le chien en éducation.
La brutalité
En tout état de cause il est catastrophique de punir physiquement un chien (le frapper) quand on n’est pas soi même impliqué dans le délit. Le chien est apte   à comprendre qu’on le frappe pour se défendre, mais pas que vous le frappiez parce qu’il n’exécute pas un ordre, parce qu’il saute pour accueillir un visiteur, ou parce qu’il a fait pipi dedans (autant de comportements ou de gestes qui pour le chien semblent naturels et sont sans relations directes avec vous). C’est alors compris comme une agression, d’autant plus grave qu’elle ne respecte pas les phases de la séquences d’agression, et durablement dévastatrice pour sa confiance en vous. Et sans confiance, que pourrez vous construire? (Nous consacrons plus loin un paragraphe à la séquence d’agression)

Tout au plus, si on doit vraiment réprimander physiquemnt le chien, on privilégiera un grondement grave et une  prise en main du museau, sans secouer. On aurait peut être pu éviter d’en arriver là en utilisant le mot blocant « non » ou « arrete »; mais il faut d’abord l’avoir enseigné au chiot ou au chien

 

Préserver une relation harmonieuse avec son chien

 

Ce n’est pas parce qu’il est attirant pour nous, que nous le sommes pour lui. Pour approcher un chien, surtout si on le connait peu, on ne perdra pas de vue qu’il n’est pas forcément bien disposé. Prenons le temps de faire tranquilement connaissance, et donnons lui le temp de nous apprécier.
Quand on veut communiquer avec le chien, il faut éviter d’emetre un message ambivalent, c’est à dire un message qui exprime deux intentions ou deux états émotionnels différents. Exemple: vouloir approcher un chien pour le caresser, mais en avoir peur. Le chien perçoit l’anomalie, s’en méfie, est mal à l’aise et doit choisir entre partir ou menacer.
Il faut que le message soit crédible et fiable pour etre sécurisant,  c’est a dire que  l’intonation, les gestes, et les mimiques soient authentiques. Pour que le message soit clair et efficace il faut qu’il reste constant dans le temps,il faut qu’il y ait concordance entre le milieu, le verbal, la paraverbal et le non verbal. Il faut aussi qu’il y ait concordance entre les messages des différents membres de la famille. Chacun de ces systemes  renforce les autres (message fort). Inversement ils s’affaiblissent s’ils sont antagonistes (message faible).

 

Renforcements et punitions

 

Pour faire de son chien un chien bien élevé, agréable à vivre, il faut être en mesure de lui faire comprendre comment il doit se comporter. Cela va consister à favoriser ses comportements corrects et à faire disparaitre ses comportements indésirables. Comment y parvenir tout en préservant l’ambiance à la maison et surtout  la relation avec son chien. Tout simplement en encourageant les uns et en ignorant les autres
Tout comportement qui apporte au chien un bénéfice, un plaisir, une satisfaction, sera reproduit. Il sera même accentué pour que  la récompense grandisse. A l’inverse, les conséquences désagréables d’un comportement n’inciteront pas le chien à le reproduire.
On appelle renforcement  tout ce qui augmente la probabilité qu’un comportement (souhaitable) se reproduise. Cela peut être une récompense, mais pas forcément. Exemple: Pendant que le facteur dépose le courrier au portail, le chien aboie. Il aboie pour chasser le facteur, et voila que ça marche!. Le facteur repart. Cette manie d’aboyer vient d’être renforcée. Ce n’était une récompense, mais ça y ressemble. En tout cas demain les aboiements reprendront de plus belle.
On appelle  punition  tout ce qui diminue la probabilité qu’un comportement (indésirable)  se reproduise. On pense de suite à une réprimande ou à un chatiement. Pourtant,  n’y a pas besoin  de se fâcher ou de frapper. Ignorer un comportement désagréable suffit . Le chien qui rode au tour de la table pendant le repas dans l’espoir de recevoir quelque chose à manger, va se décourager de ne rien voir venir et va cesser de mendier. Mais il doit être totalement ignoré. Pas un mot, même pas un regard.
Une punition n’apprend pas à bien se comporter, elle ne fait que sanctionner. Autant que possible, au lieux de punir, proposer un comportement de substitution et le renforcer. Exemple: pour manifester sa joie, votre chien saute sur vous quand vous rentrez du boulot. Au lieu de lui mettre une claque ou un coup de genou dans la poitrine, apprenez lui à s’asseoir sagement prés de vous, et quand il est assis caressez la abondamment. C’est gagnant pour les deux. Lui peut vous manifester sa joie (il n’a attendu que ça tout le long de votre absence) et vous pouvez lui signifier votre plaisir de le revoir. C’est autrement préférable pour préserver la confiance en vous de votre chien, et donc la qualité de votre relation.

 

Les récompenses

 

L’insécurité peut engendrer beaucoup de frustrations et de difficultés émotionnelles. Le renforcement aide à palier à ces inconvénients, et permet de créer ou de préserver une meilleure ambiance, une meilleur relation. Pour créer ou conforter un comportement, ou une action, une récompense sera donc toujours préférable à une punition et plus encore à un châtiment.
L’idéal pour le façonner est de rechercher toutes les occasions de prendre le chien « en flagrant délit de bien faire », c’est-à-dire remarquer et renforcer les bons comportements spontanés. On sera aussi amené à lui faire des demandes( ton amicale) ou à lui donner des ordres (ton plus sec). Souvenons-nous: toujours le même mot pour la même attente. (Au début le chien ne comprendra pas les mots, il faudra l’accompagner ou le guider par gestes).
Lorsque le chien adopte le comportement désiré, ou s’il arrête de faire une bêtise sur demande, le féliciter, même de manière exagérée. Lui répéter plusieurs fois « c’est bien » ou « bon chien » ou autre mot doux, et le récompenser. Pour cela on pourra lui donner une friandise, ou selon ses préférences un jouet ou une balle. On peut aussi jouer avec lui, ou partir en promenade etc. Ne surtout pas avoir peur d’en faire trop!  Beaucoup de gens sont beaucoup plus prompts à gronder leur chien qu’à le féliciter.
Si le chien a mis du temps à s’exécuter, ce n’est pas grave au début, il faut quand même le récompenser car l’important c’est qu’il ait fait ce que l’on attendait de lui. La vitesse viendra avec répétitions de la séquence, et donc avec un peu de temps.
Prendre garde toute fois de ne pas renforcer involontairement un comportement indésirable. Exemple : un chien qui aboie dehors la nuit. Le maître l’appelle pour le faire taire et le fait rentrer. En fait ce chien s’ennuyait. Et voila que son maître s’occupe de lui. Quelques jours après, dans la même situation, s’il lui reparle, le chien conclura que pour bénéficier de l’attention de son maître il faut sortir aboyer.

 

Les punitions.

 

Beaucoup de spécialistes s’accordent à penser que le chien n’agit pas en fonction du bien ou du mal qu’il peut faire. Il agit en fonction soit de ce qu’il croit être susceptible de lui apporter des satisfactions, de l’agréable, du bien être, soit en fonction d’habitudes tolérées jusque là,  soit sous l’effet d’un stress, ou pour suivre un instinct. On comprend alors qu’un châtiment sera  chaque fois mal compris et ressenti comme injuste. Il provoquera un stress à la mesure de la violence du châtiment, et, trop souvent répété il engendrera des troubles du comportement.
Pour punir le chien, il suffit de lui soustraire cette satisfaction, cet agréable, ce bien être qu’il espérait. Mieux, on transforme son comportement en comportement stéril qui n’apporte rien, et ou bout de quelques répétitions ce comportement va s’éteindre. Exemple : le chien pose ses pattes sur un plan de travail pour attraper un bout de viande dans une assiette. Reculer l’assiette hors de portée va le faire redescendre du plan, et en plus il aura perdu son bout de viande.
Si le chien agit sous l’effet d’un stress ou d’un instinct, éviter d’entrer à son tour dans un stress, et de le stresser encore plus. Il suffit de mettre un terme à notre interaction. On ne s’occupe plus de lui, on l’ignore, on lui tourne le dos. Cet isolement social lui est pénible, plus que des vociférations. Tant que l’on  crie après un chien, au moins on s’occupe de lui . Mais pas dans le silence. De plus, ce calme nous permet de conserver notre dignité.
Si on veut faire une sanction plus forte, par exemple à cause d’une agression, on isolera le chien dehors ou dans une pièce à part. Là il sera non seulement isolé de son maître, mais il sera totalement privé de tous contact et de toutes possibilités de contact. C’est une sanction grave pour le chien. Et le calme qu’elle impose interrompt une éventuelle spirale d’agressivité.
Dans les deux cas il ne faut pas oublier de lever la sanction au bout d’un moment, et surtout de la lever avant que le chien ne la lève de lui-même. Pour cela il suffit de lui rendre sa liberté, et de ne pas oublier le geste de mansuétude que le chien interprétera comme un signal d’apaisement similaire a celui du dominant vainqueur.
Un chien reliera systématiquement une punition à sa dernière action. Toute sanction donnée en retard n’aura que deux effets : calmer le maître et stresser le chien. Et si de surcroît c’est un châtiment le maître sera déconsidéré, et perdra une part de son aura et de son autorité. L’exemple le plus fréquent qui vient à l’esprit est le cas de ce chien parti en ballade, qui ne revient pas immédiatement au premier rappel. Quand enfin, après plusieurs rappel,  le chien revient, son maître furieux lui administre un savon et une raclée. Ce que le chien va comprendre,  c’est qu’il est puni d’être revenu. Voila comment on apprend d’un seul coup deux choses à son chien : que son maître est un tirant, et qu’il ne faut  pas revenir  au rappel.
La punition divine
C’est mettre en oeuvre une stratégie pour que la punition semble tomber du ciel. C’est en fait envoyer un désagrément au chien sans qu’il n’en distingue l’origine. C’est un système très efficace, quand l’opération est réussie, qui prend le chien sur le fait et le stoppe net. Le chien est perplexe, il n’aime pas ne pas savoir ce qui se passe. Si cette opération se répète quelques fois, le chien va attribuer le désagrément à l’endroit ou il se trouvait, ou a l’objet qu’il convoitait. Son comportement indésirable s’éteindra. Parfois cela nécessite l’aide d’un ou plusieurs complices discrets, que bien sûr le chien ne doit pas soupçonner.  L’utilisation d’un vaporisateur pour plantes vertes ou même d’un pistolet à eau ou de quelques gravillons dont le chien ne doit pas voir qui les lance, est très efficace car elle permet d’intervenir au moment précis où le chien fait la bêtise. Par exemple, si le chiot commence à mordiller un pied de table, le maître peut lui envoyer une giclée d’eau sur le museau. Mais le chiot ne doit pas savoir que ça vient de son maître. Si le manège se reproduit, comme c’est probable, le chiot va interpreter que c’est la table qui est désagréable. Si en plus on a pris la précaution de lui fournir un objet de substitution (morceau de bois) pour qu’il se fasse les dents, la table sera sauvée, et il n’y aura eu ni cris ni conflit, et le maître protecteur conservera une aura intacte…..

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Votre choix pour une relation amicale

 

« Quand vous aurez appris à lire  votre chien et à mieux le comprendre, vous aurez une meilleur relation avec lui.
Jusqu’à présent, une bonne partie de la relation consistait en une relation à sens unique: moi, le maître,  je te dis ce que tu dois faire, et toi le chien, tu fais ce que je te dis.
Or ceci n’a rien d’une relation.
Rappelez vous que à chaque fois que vous rencontrerez un chien, vous aurez le choix: être menaçant ou apaisant. Il n’existe AUCUNE -absolument AUCUNE justification à menacer un chien.  Les chiens sont des survivants. Ils se défendent quand ils se sentent menacés. Certains éviterons ou essayeront de s’enfuir. D’autres se retourneront. En tous cas quelle que soit leur réaction, vous en serez responsable.
Si vous vous présentez de façon amicale à votre chien, il vous percevra comme quelqu’un avec qui il peut se sentir à l’aise. Cela pourra changer toute votre relation avec lui.
Vous avez toujours un choix . Quels que soient la situation, le chien ou l’évènement, vous aurez toujours ce choix à faire. Vous pouvez faire des changements minimes comme détourner le regard plus tôt que de fixer du regard, marcher lentement plus tôt que d’accélérer le pas, vous détourner ou rester immobile. Vous pouvez aussi accepter que votre chien émette un signal d’apaisement pour vous dire qu’il est fatigué, ou qu’il ne peut plus se concentrer, bref qu’il a besoin d’une pause.
Si vous voulez que votre chien vous respecte vous devez vous aussi le respecter.La dominance ne résout rien, elle ne fait que créer des problèmes. Une bonne relation se fonde sur une communication réciproque, et vivre ensemble suppose une communauté équilibrée.
Voila votre choix« .

Catherine Collignon
Comportementaliste
http://animalin.net/

En savoir plus sur http://www.zenmonchien.com/pages/communiquer-1/comment-communiquer-avec-son-chien.html#7aShxV0oxmKX66fl.99

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Dogspirit Education Canine Comportementaliste 06.23.62.50.40 Montpellier et environs Tatjana Cerabona - Educateur canin, spécialiste de la relation Homme-Chien

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