Les chiens sont-ils d’accord ?

L’éducation positive est un outil merveilleux qui à travers de multiples méthodes nous permet de nous assurer que nos chiens sont d’accord avec ce que l’on désire ou au moins, qu’ils sont prêts à le faire. Par exemple, si je demande un assis en éducation positive, cette position est peut-être (surement même) inconfortable. Néanmoins si le chien s’exécute, c’est qu’il estime que ça en vaut la peine. Si le chien refuse de s’asseoir, nous allons chercher le pourquoi du comment. Il peut s’agir d’un problème de compréhension, d’un soucis de santé, d’un sol inconfortable, …

Malheureusement toutes les méthodes d’éducation positive ne garantissent pas le bon consentement du chien. Si j’attend que mon chien se taise pour rentrer chez moi alors que ce dernier est en train d’hurler d’angoisse, je ne suis pas en train de lui demander son avis. En fait, son avis semble très peu important dans cette situation … et ça marchera. Il finira par se taire. Donc ce n’est pas parce que l’on pratique l’éducation positive que forcément nos chiens sont OK avec la totalité de nos méthodes, mais au-delà de ça : il y a toutes les situations où on ne prépare simplement pas nos chiens. Ces situations du quotidien où l’on agit simplement sans trop se poser de questions.

  • On caresse un chien. Est-il d’accord ?
  • On le soulève pour le poser sur une table de consultation. Est-il d’accord ?
  • On lui enfile de gré ou de force un collier ou un harnais. Est-il d’accord ?
  • On lui coupe les griffes. Est-il d’accord ?
  • On le fait monter en voiture. Est-il d’accord ?
  • On le toilette. Est-il d’accord ?
  • On le pousse. Est-il d’accord ?

Les situations où l’on ne fait même pas attention à la notion de consentement se multiplient vite. C’est d’autant plus dommage qu’il existe des manières de faire différentes. Nous pourrions préparer nos chiens à la plupart des manipulations. Nous pouvons également choisir de leur demander les choses au lieu de les leur imposer.

Sur cette thématique-là, il existe par exemple tout le « medical training » qui est un domaine entier qui se borne à préparer les chiens à des soins allant jusqu’à leur apprendre à rester tranquille face à une tondeuse (utile avec une prise de sang par exemple !). Nous pouvons tourner nos apprentissages pour que le chien puisse à tout moment dire « stop, je ne suis pas d’accord, arrête-toi ».

Voici un exemple de rattrapage de medical training, parce que parfois on s’y prend trop tard, avec ma petite chienne :

Nous pouvons également apprendre plein de petites choses autour des directions et des mouvements. Nous ne sommes pas forcés de pousser un chien du canapé quand on désire qu’il descende alors que nous pouvons lui apprendre à descendre sur demande. Nous pouvons le prévenir et le lui demander.

Il existe également des manières de faire qui permettent au chien de signifier s’il désire que l’on continue ou pas, en proposant un « échantillon » de ce que nous voulons faire, puis en s’écartant pour observer si le chien cherche à ce que ce contact se poursuive ou pas. Certains exercices de medical training sont vraiment dans cette veine-là. L’exercice le plus populaire est peut-être celui du test de consentement à la caresse. Voici la vidéo (de la chaîne youtube eileenanddogs) que je conseille régulièrement à ce sujet :

Alors certaines personnes me diront peut-être que c’est pas bien malin comme manière de penser car alors le chien peut dire « non ». Le chien peut refuser de nous écouter, il peut refuser d’obéir. Et oui, on s’expose totalement à ce que le chien refuse. On se met dans une position où on lui accorde du libre-arbitre, mais concrètement, au-delà de l’aspect philosophique, il y a plusieurs raisons d’essayer de mettre ce genre de choses en place.

1. L’efficacité

Alors bien-sûr, un chien qui se débat pendant les soins, ça complique les choses. Si le chien accepte de faire de lui-même, c’est beaucoup plus facile. Quand on accepte de leur demander leur avis et de les récompenser pour ce qu’ils font de bien (à nos yeux), nos chiens se dépassent très vite. Le fait de pouvoir s’arrêter à tout moment leur permet de gérer leurs appréhensions et ils peuvent être surprenants. Par exemple, dès la première séance où ma petite chienne a eu le choix, elle a accepté la pipette alors que juste avant, elle la fuyait.

2. Le gain de temps

On perd énormément de temps à courir après un chien, à le bloquer, à le forcer, à le manipuler lorsqu’il est beaucoup plus simple de lui demander ce que l’on désire. Si on poursuit sur l’exemple de la pipette, les séances pour donner le médicament se sont énormément raccourcies lorsqu’elle a eu le choix de participer librement.

3. La sécurité

Enfin, le point le plus important à mes yeux, la sécurité. Ce n’est pas parce que l’on accepte que le chien refuse que soudain celui-ci se met à refuser. En réalité, il y a longtemps qu’il refusait des choses, mais nous ne l’écoutions pas forcément. Certains chiens acceptent cet état de fait : les humains n’écoutent pas, alors ils cèdent. D’autres vont petits à petits durcir leurs tons et ça peut devenir, à terme, catastrophique. Les petits signes que vous ignorez peuvent un jour devenir un grognement ou une morsure. Le chien aura prévenu encore et encore jusqu’au moment où il comprendra que ça ne sert à rien et alors, il ne faudra pas s’étonner qu’il se défende réellement.

Leur demander leur consentement, c’est améliorer la sécurité de tous.

4. Les futures réponses

Certains chiens, à force de ne pas être écoutés, sont de plus en plus « ronchons », « râleurs », « pénibles » ou tout simplement « réactifs ». Ils peuvent refuser tout et n’importe quoi, de plus en plus vite, de plus en plus fort.

La meilleure façon de ne pas en arriver là est déjà de leur demander leur avis avant, mais d’une façon assez ironique, pour sortir de cette impasse, une méthode rapide revient à nouveau à leur demander leur avis, à les prévenir, à leur apprendre des choses puis à le leur demander pour qu’ils puissent faire d’eux-mêmes.

Malheureusement, ce n’est pas toujours évident, nous n’avons pas forcément l’habitude de ce type d’approche. Alors on retrouve parfois ces chiens qui refusent les manipulations en refuge après leurs abandons. C’est le cas de Iaco, actuellement (19/04/2019) à l’adoption au refuge de Vitré (35). Avec lui, j’essaye de mettre en place des choses pour qu’il puisse décider d’enfiler une laisse ou non, mais ce dont il a vraiment besoin c’est d’une famille qui serait prête à faire de cette recherche de consentement sa manière de vivre.

A titre personnel, c’est vers cette voie que j’aimerais me diriger. Cela implique de changer beaucoup de choses dans nos quotidiens et surtout de prendre le temps de construire les apprentissages (un domaine qui ne m’amuse pas beaucoup). Mais en réalité, ce que l’on essaye de bâtir ici, ce sont moins des apprentissages qu’un langage commun que l’on va petit à petit inventer avec son chien. Ce langage se composera de questions et de réponses (oui / non / …). Alors je vous souhaite de bonnes discussions qui je l’espère vous permettrons de mieux connaître vos propres chiens !

Rédigé par Céline de Hund.fr

https://hund.fr/actualites/les-chiens-sont-ils-daccord/163/?fbclid=IwAR2YoQxeBEuR0bhX01yNhICkRb0qA5XVBpGcWrnSzr9nDoxiRC2IAwJptms

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