Chez le chiot, le fait de mordiller est un comportement naturel et commun. N’ayant pas de main, ils ne sont pas en mesure d’entrer en contact avec l’humain autrement que par leurs crocs. Le sujet de l’inhibition à la morsure ayant été abordé plus tôt sur la page, je souhaite également mettre quelque chose au clair, à savoir : ce que le mordillement peut être amené à signifier et quelle fonction ce dernier peut avoir.
« Qui veut aller loin ménage sa monture » … ou qui est un minimum respectueux ne pousse pas un jeune animal à haut niveau.
Enfin est ce réellement une question de respect, ou de bon sens ? Qu’on ne s’étonne plus d’avoir des chiens avec des blessures récurrentes à partir de 2-3 ans…
Voici un visuel pour mettre en évidence la fin de la croissance des os. Attention pour le crâne des inexactitudes sur le schéma puisque l’occipital se soude vers 3-4 mois et sphénoïde à temporal entre 1 et 4 ans. (mais paint est casse pied à manœuvrer alors j’ai fait une couleur de « gros »).
Beaucoup se mettent en tête qu’un chiot ou un chien adulte doit savoir faire de nombreuses choses avant un certain âge ou dans un laps de temps précis. « Quoi ? Ton chiot n’est toujours pas propre ? Mais il a cinq mois déjà ! » « Ton chien aboie toujours sur les gens ? Je pensais que c’était réglé depuis le temps… » « Il saute encore ? Pourtant, il a un an, il serait peut-être temps… » Comme on peut s’y attendre, si certains apprentissages ne sont pas acquis dans une certaine période de temps, la confrontation à la pression sociale est quasiment inévitable. Et cette dernière peut être relativement violente pour celui ou celle qui la subit.
Avant de penser à avoir un chien bien éduqué, il est indispensable de lui permettre de s’éveiller au monde qui l’entoure. Un chien apprend tout au long de sa vie, mais la période la plus déterminante de son existence, celle dont dépendra sa capacité à s’adapter aux situations nouvelles, est extrêmement courte : il s’agit de la période dite de « socialisation primaire », qui commence aux alentours des trois semaines de l’individu, jusqu’à ses trois/quatre mois environ. Pendant ce laps de temps bien défini, le chiot découvre le monde (du moins, il le devrait !), et la qualité de ses apprentissages déterminera son seuil de tolérance futur à tous les stimuli auxquels il sera confronté. Plus ses apprentissages seront riches, plus les connexions neuronales du cerveau du chiot seront nombreuses, et plus sa « base de données » sera vaste
C’est toujours agréable d’avoir un retour positif, et de pouvoir l’observer en situation.
F… avait pris l’habitude de sauter sur les visiteurs qui arrivaient à la maison, et sur les promeneurs qu’il croisait en balade. Après un bilan comportemental, l’échange qui avait suivi sur l’analyse, et quelques séances en commun, son humain me dit sa satisfaction : il vient maintenant dire bonjour à la porte sans sauter et il est à présent indifférent aux gens qu’il croise.
« Je ne pensais pas qu’un chiot pouvait demander autant de travail » 😮💨
Nous sommes nombreux à entendre cette phrase et peut-être même à l’avoir déjà prononcée.
Il n’est pas rare de lire des posts qui dénoncent cette « prise de conscience ». Selon eux :
On se doit de savoir qu’un chiot c’est du travail
On se doit de savoir qu’un chiot chamboule forcément notre vie.
On se doit d’être prêt à investir du temps et de l’argent, etc
Comme si, le fait de savoir tout ça nous immunisait contre les doutes et les peurs…
Attention, mon objectif n’est pas de chercher à déculpabiliser les familles qui ne se sont pas suffisamment renseignées sur la race de leur futur chien et qui se retrouveront, de fait, dans l’incapacité de répondre à ses besoins parce que le casting de départ était défectueux !
Non, je veux simplement normaliser toutes les émotions et les questions que l’on peut voir apparaître lorsque l’on adopte un chiot.
Le « Puppy blues » est un sentiment de dépression lié à la frustration et à la peur de mal faire les choses quand on ramène un chiot à la maison
Vous pouvez manquer de sommeil, avoir envie de pleurer, ressentir des émotions très négatives et peut-être même être parfois à deux doigts de déraper dans une forme de violence
Se sentir dépassé par les accidents de propreté, les petites destructions, les mordillements et tous les autres comportements indésirables que peut produire un chiot… Voilà ce que provoquer le Puppy Blues !
Au cours du premier mois il est NORMAL de se demander :
Ai-je fait une énorme erreur ?
Est-ce que mon chiot va finir par faire des nuits complètes ?
Est-ce que mon chiot finira par ne plus courir après mes enfants ou le chat ?
Peut-être ne vous êtes vous jamais posé ce genre de questions, et tant mieux pour vous ! Mais d’autres incertitudes, d’autres doutes et peurs peuvent toujours apparaître, même lorsque le chiot grandit.
De nouveau : c’est NORMAL !
Votre objectif en tant que « parent », est de créer une relation harmonieuse, d’encourager les bons comportements et d’empêcher la répétition des comportements indésirables . Trois objectifs (ambitieux !) qui requièrent bien plus que quelques mois !
Voici mes 4 conseils pour surmonter le Puppy Blues :
PARLEZ EN AUTOUR DE VOUS
Avec les réseaux sociaux nous avons la fâcheuse tendance de mettre seulement en avant nos victoires et nos réussites. Je ne dis pas qu’il ne faut pas être fière de les montrer, mais parler de ses peurs, de ses détresses actuelles, des expériences négatives passées ou actuelles peut aussi s’avérer salvateur – pour nous mêmes et pour les autres, car tout le monde est dans le même bateau 😮💨
Et même si vous avez l’impression que les autres chiots de la classe sont bien plus avancés que le votre, en réalité vous ne savez pas quels problèmes ils rencontrent dans d’autres circonstances. Vous et votre chiot avez peut-être aisément surmontés ces difficultés (voir vous n’y avez même pas été confrontés !)
Échanger, se montrer authentiques et transparents permet de relativiser et parfois même d’obtenir de bons conseils !
FAÎTES-VOUS CONFIANCE
L’information est partout, tout le temps, et s’avère souvent contradictoire. Cela n’aide pas franchement à gagner en cohérence de fait… En confiance.
Parfois il vaut mieux se cantonner à une approche, à un professionnel et, une fois que les fondations sont solides, s’ouvrir à ce qui se fait d’autre pour pouvoir encore plus progresser.
En revanche si vous sentez que ce professionnel n’est pas pour vous, que ce qu’il fait à votre chiot vous met mal à l’aise : écoutez-vous et fuyez ! Vous êtes en droit de poser des questions, d’avoir toutes les informations possibles et de demander à regarder comment il travaille avant de signer avec lui.
Il en est de même partout, tout le temps et avec n’importe qui. Vous êtes l’avocat de votre chiot . Si la situation vous semble délétère agissez. Même s’il s’agit de votre vétérinaire, de votre éducateur, de la personne qui partage votre vie, de votre meilleur ami, etc.
OFFREZ-VOUS DU TEMPS LIBRE
Aidez-vous de vos outils : les parcs, les jouets d’occupation (les vrais, pas un tug ou une balle que vous laissez à disposition) et d’autres personnes : les dog-sitter, les dog-walkers.
Garder des moments pour soi est essentiel pour conserver un minimum d’équilibre et ne pas devenir « esclave » de son chiot et sans le vouloir, mettre en place de mauvaises habitudes (ex : chiot incapable d’être calme car trop sollicité, ou incapable de rester seul, etc).
LAISSEZ DU TEMPS… AU TEMPS
Il est coutumier de dire qu’il faut trois jours pour stabiliser le stress de l’animal, trois semaines pour qu’il s’habitue à son nouveau lieu de vie et qu’il intègre les nouvelles règles du foyer, trois mois pour qu’il se sente bien chez lui et continue d’évoluer… J’ajouterai trois ans (voir 4 !) pour que vous ayez fait face à l’adolescence et son lot de changements, expérimenté tout un tas de situations ensembles (premières vacances, éventuelle arrivée d’un bébé, déménagement, etc), acquis de nouvelles compétences. Et là encore il ne s’agit que des moyennes. Chaque foyer est différent. Concentrez-vous sur vous mêmes. Ce n’est pas une course. Il n’y a pas de ligne d’arrivée.
De plus, concernant certains apprentissages, le temps peut jouer contre vous (le rappel, le calme, la marche en laisse, etc), mais il peut aussi être un précieux allié tant que vous vous montrez cohérent et empathique vis à vis de votre chiot
A la suite de mon précédent article traitant de l’indispensable attachement sécurisé à l’adoptant, certains ont soulevé, en MP ou sur certaines pages sur lesquelles il avait été partagé, la question de l’incapacité du chien à se détacher ensuite, et donc le risque de l’hyper-attachement : de leur point de vue, favoriser cet attachement sécurisé en répondant aux demandes du chiot amèneraient quasiment de façon incontournable à cette déviance. Pour eux, l’apprentissage de la frustration devrait commencer dès son arrivée par la mise en place immédiate de la solitude la nuit et la non réponse aux sollicitations de caresses et / ou câlins si elles sont répétées.
Or, en toute logique, il ne peut y avoir de détachement réussi sans attachement sécurisé préalable, pour une raison très simple : on ne se « détache » que de ce à quoi on est préalablement « attaché »…