Et si on parlait des émotions ?

La peur chez le chien est similaire à celle que nous pouvons ressentir, tout comme les comportements qu’il adopte.
J’ai peur des araignées et ce, depuis toute petite. Si j’en croise une chez moi, je serais bien capable de toutes les réactions possibles et imaginables. Si le lieu est suffisamment grand, alors je peux choisir de fuir si ce n’est pas chez moi. En revanche, si elle se trouve dans ma maison, je risque fort de l’écraser. Et franchement, j’aimerais faire autrement mais mon état émotionnel ne me permettrait pas de la mettre dehors, je suis incapable de l’approcher autrement que pour être sûre qu’elle ne bougera plus après. Si je suis à l’extérieur, alors tout va bien : je laisse les araignées tranquilles, même aux abords de ma maison. Elles sont chez elle et je sais qu’elles ne m’approcheront pas, je peux donc me contrôler malgré ma peur, voire même passer un peu de temps à les observer si on ne m’en colle pas une sous le nez.

ANTHROPOMORPHISME OU ANALOGIE ?
Pour beaucoup, ce que je m’apprête à faire se prête à l’anthropomorphisme. Or, il ne s’agit que d’une analogie : la peur ressentie est la même, à plus ou moins fort degré en fonction de ce que le chien a vécu. J’ai toujours pensé que le fait de remettre tout ça en perspective, d’un point de vue humain, pouvait nous permettre d’avancer sur notre compréhension de la peur chez le chien. Je vais donc vous raconter la petite histoire de l’un de ces individus qui a peur et dont les réactions sont donc incontrôlées dans certaines circonstances.
Il s’appelle Nero et depuis tout petit, il a peur des humains. Au début, ce n’était qu’une angoisse assez faible qui s’est muée en peur à force d’expériences négatives au contact de ces derniers : forcé d’accepter les caresses de parfaits inconnus malgré des signaux très clairs concernant son inconfort, disputé sévèrement au moindre grognement lorsqu’il a grandi alors qu’il se contentait de communiquer son malaise face à la situation, il a donc appris que les humains n’étaient pas des individus fiables. A présent, si le lieu est suffisamment grand, il choisit l’évitement face à des inconnus, tout pendant que ce n’est pas chez lui. Si on fait venir des invités, il se met à aboyer et il pourrait mordre s’ils s’approchaient de lui. Il aimerait faire autrement, les éviter comme il le fait en extérieur, mais dans la maison, c’est une autre affaire : il n’y a pas suffisamment d’espace et son lieu si sécuritaire devient un véritable piège.
Enfin, à l’extérieur, Nero se contente de ne pas regarder les humains croisés et poursuit son chemin. Il peut avoir des réactions très virulentes toutefois si quelqu’un arrive frontalement et cherche à entrer en contact avec lui, ne serait-ce que par un regard. C’est la peur qui parle et il ne maîtrise pas cette dernière, c’est ce qu’on appelle « un déclenchement. » Nero serait vu par bon nombre de personnes comme « un chien méchant, » « un chien agressif » ou bien encore « un chien mal éduqué. » Personnellement, tout ce que je vois là, c’est un chien qui aboie et grogne dans certaines situations, et qui peut se mettre dans des états de stress innommables en simple présence de l’humain dès lors que ce dernier pénètre dans ce qu’on appelle communément « sa zone de confort. »
TRAVAILLER SUR L’EMOTION AVANT TOUT
Avec moi, vous ne verrez pas Nero « déclencher, » ou bien si tel est le cas alors cela signifierait que j’ai mal jaugé une situation et que je l’ai mis en échec, la peur a pris le dessus sur le reste. Dans cet état, il n’est plus capable d’apprendre, dans le pire des cas il peut être inhibé. De la même façon que si vous me mettez dans une pièce remplie d’araignées : il est peu probable que je cherche à les écraser ou que je puisse fuir. Alors, j’arrêterais simplement de réagir, dans un état de détresse muet. Je serais éteinte. Pour Nero, ce serait la même chose si je décidais de lui mettre une muselière et de le mettre face à un tas d’humains pour faire cesser son comportement. Il n’apprendrait rien, il s’éteindrait et sa peur serait toujours là, peut-être même plus forte qu’avant, mais vous ne le saurez plus.
UN CHIEN QUI A PEUR NE FAIT PAS L’AUTRE
L’intensité de la peur est propre à l’individu, à ses expériences passées, à sa sensibilité, à la situation dans laquelle il est mis. De la même façon, les comportements choisis dans ce genre de situation ne vont pas passer par la case « réflexion, » au contraire ils seront instinctifs et plus ou moins virulents en fonction du chien. Certains chercheront à fuir dans toutes les situations, qu’ils soient à l’intérieur ou non. D’autres passeront à l’agression dans tous les cas, car génétiquement elle sera plus prompt à être utilisée dans ce genre de cas ou parce qu’ils savent que la fuite ne fonctionnera pas. D’autres encore seront paralysés et incapables de bouger, ils seront tout simplement tétanisés. Ne les comparez pas : si un de vos chiens se met à aboyer comme un fou quand il a peur et que l’autre reste derrière vous, la queue entre les pattes, ce ne sont pas des réactions réfléchies. Elles sont instinctives. La seule intention derrière ces comportements est celle d’échapper à une menace.
Accueillez votre rancune si vous en avez en voyant de tels comportements, il est normal d’être énervé en tant qu’humain de voir notre chien dans cet état et de se sentir impuissant. On peut avoir tout un tas d’émotions nous-même qui ne nous permettent pas d’être réellement bienveillant sur le moment alors posez-vous, réfléchissez à un plan de modification émotionnelle et comportementale, et surtout n’hésitez pas à vous faire aider. Oui, c’est vrai, ça prendra du temps, plus ou moins en fonction de votre chien, mais ce temps-là est nécessaire pour qu’il puisse appréhender l’objet de ses peurs avec autant de sérénité que possible sur le long terme.
Travailler sur l’émotion derrière le comportement est une étape obligatoire si nous respectons notre chien en tant qu’individu. Ne lui faisons pas ce que nous ne voudrions pas subir.
Rédigé par : Nicoline Droogmans de Toutougether à retrouver sur :

 

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