La cage

Prononcez le mot “cage” dans un milieu canin et, immédiatement, vous déchaînerez les passions : d’une part, vous allez mobiliser ceux qui ne jurent que par cet “endroit sécurisant” (et vous inondent de photos de leurs chiens heureux en cage, porte ouverte) et ceux qui conspuent le fait de limiter le mouvement et présentent la cage comme une autre des ces épouvantables maltraitances silencieuses dont font l’objet les chiens.

Reste que, à moins de vivre en ermite complet et ne jamais bouger de chez vous, votre chiot a de fortes chances de devoir atterrir, un jour en “cage” :
  • parce que cela reste le moyen le plus sûr de bouger avec votre animal en voiture
  • parce qu’elle est parfois exigée dans certains clubs canins pour assurer la sécurité de tous
  • parce que toute activité sportive ou de loisirs, ou encore les stages, impliquent une attente et qu’il est parfois très positif que le chien puisse s’isoler sereinement dans un lieu où il se repose des distractions ambiantes
  • parce qu’il peut y atterrir suite à une intervention chirurgicale, chez le véto ou devoir rester en repos absolu, chez vous (ce que personne ne souhaite, évidemment, mais ça arrive).

 

Quand je donne des cours, les chiens qui ont été habitués à leur cage de manière graduelle et positive, vivent très tranquillement les plages “théoriques”. S’il en va de notre bien-être personnel (pas besoin de gérer le chien qui mord les pieds de la table, qui mange sa laisse, qui vocalise ou est stressé par la présence d’autres chiens), il en va aussi du bien-être du chien lui-même car cette “hyper vigilance” sur l’environnement est parfaitement néfaste et épuisante.
Si je ne suis pas spontanément une grande convaincue du concept “c’est son terrier et son refuge” vu que, a priori, votre habitation ne présente aucun danger et donc ne devrait susciter aucun besoin de se “réfugier” où que ce soit, il est vrai que pas mal de chiens s’y installent de leur propre gré, pourquoi pas? Porte ouverte, ce n’est rien d’autre qu’un dodo, plus ou moins attrayant selon le coussin installé, sa position dans votre maison, etc…. si le chien y va spontanément, chouette, s’il n’y va pas car d’autres dodos favoris sont à disposition, ça va aussi. Il ne me semble pas absolument indispensable de déterminer si la cage est une bonne chose dans l’absolu. Chaque chien est différent.
Ce qui me semble, au contraire fondamental, est d’apprendre au chiot qu’on peut passer du temps dans cet endroit sans frustration afin que, quand il devra y aller, il s’y sente émotionnellement à l’aise.
Première étape : chez moi, les chiens mangent en cage. Ils y vont avec la gamelle et ils en sortent, dès qu’ils ont fini de manger (la porte est toujours fermée) et bien avant qu’ils n’aient à manifester leur impatience (si les adultes attendent sagement que je vienne ouvrir, je surveille attentivement Mini-Chien qui, lui, est dehors avant même qu’il ait à imaginer “j’ai envie de sortir de là”).
Dès que la préparation des gamelles débute, ils se précipitent tous dans leur cage respective… Mini-Chien compris qui a déjà intégré que, dans ce “truc” on mange d’excellentes choses quand l’estomac crie famine 🙂 (enfin, rassurez-vous, il crie doucement) 🙂
Non, je n’ai jamais eu à déplorer de “bagarre” à la gamelle, mes chiens ne sont pas très assertifs dans leur défense des ressources (plutôt le contraire en fait) mais :
(a) je crée une première – forte – association agréable avec la cage
(b) j’anticipe sur toute interaction malvenue à la gamelle.
En effet, Mini-Chien pourrait avoir l’idée d’aller inspecter la gamelle des grands et ils pourraient ne pas apprécier ou, inversement, mes adultes (qui mangent très vite) pourraient avoir envie d’aller aider Mini-Chien à finir sa ration, ce qui l’obligerait à manger plus vite (ou à se faire piquer sa ration, ce qui m’obligerait à intervenir). De cette manière, tout le monde mange tranquillement à son rythme personnel sans se soucier des autres.
Ensuite, cette fameuse cage, on la clique et on apprend à Mini-Chien à en sortir sur signal de libération… je débute ces séances quand il a déjà “jeté son feu” (comprendre il a eu balade, jeu et câlins) et que l’idée d’un petit somme se profile doucement à l’horizon.
Toute position de détente (donc le couché) est bienvenue et toutes les friandises arrivent du fond de la cage et non par la porte d’entrée – ce qui crée, d’emblée, une “zone heureuse”, loin de la porte.
On travaille également à faire en sorte que la fermeture et l’ouverture de la porte soient des “non évènements”… et on construit la durée sur ces bases.
De cette manière, cette fameuse (horrible à nos yeux) “cage” devient un lieu associé à une émotion de détente et on peut y passer du temps, tranquille, lors d’un déplacement ou, à terme, pendant un stage.
L’idée de base étant que votre chiot ne devrait jamais jamais jamais en arriver au point de “gratter la porte” ou de devoir geindre pour en sortir… ce qui entamerait méchamment la popularité naissante de cet endroit.
Il n’est évidemment pas question de mettre un chiot (ou un chien adulte) en cage pour s’éviter des dégâts matériels, sur de longues périodes et sans apprentissage. Au contraire, un chiot qui hurle, gratte, mord les barreaux, est un chiot qui assimile la cage à un mal être qui peut perdurer très longtemps.
… en tous cas, Mini-Chien l’apprécie déjà bien et, s’il n’y va pas spontanément pour dormir (ou pas encore, sait-on jamais?), désormais, une fois la gamelle finie, il se pose au fond de sa cage et attend, tranquillement, que la porte s’ouvre et qu’arrive le mot de libération 🙂
Comme toujours, anticiper plutôt que résoudre 😉
 Rédigé par Cynthia Edelman de Magicclicker
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Dogspirit Education Canine Comportementaliste 06.23.62.50.40 Montpellier et environs Tatjana Cerabona - Educateur canin, spécialiste de la relation Homme-Chien

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