« Il faudra combien de cours ? »

Le plus ardu, dans un travail de rééducation (vu que l’essentiel de mon travail consiste à intervenir sur des chiens présentant déjà des comportements inappropriés) – reste souvent obtenir l’adhésion du ou des propriétaires.

Propriétaires qui, quand ils arrivent chez toi, apportent avec eux leur bagage d’énervements, de déceptions, d’irritation et de découragement. Ils arrivent chez toi parfois en dernier recours (et ont parfois déjà pensé à l’abandon ou à une issue fatale) avec un scepticisme clairement perceptible et une vague méfiance – en tant qu’éducateur « privé », tes tarifs ne sont pas ceux du club canin (éducateur canin c’est un métier qui, comme tout métier, est rémunéré) : « il va falloir combien de cours ? » est souvent la question cruciale.

Là, tu considères le chien en question qui course tout ce qui bouge, qui tire à vous déboîter l’épaule, qui garde sa gamelle férocement, qui grogne aboie et parfois mord les passants ou les autres chiens et, surtout et avant tout, qui a eu tout loisir de peaufiner ces comportements (tous ou certains) encore et encore, tant et si bien qu’il est devenu un expert en la matière. Il a commencé généralement à l’adolescence et tu vois le chien quand il est largement adulte… parfois carrément très très adulte (la morsure étant souvent le facteur déclencheur du « il faut faire quelque chose »).

L’impact d’un chien « à gros problèmes » sur un individu ou sur une famille est parfois énorme : on ose à peine sortir le chien, on le sort à l’aube ou la nuit tombée, on ne reçoit plus, il faut parfois être deux ou c’est uniquement monsieur qui arrive à tenir la laisse, il faut faire attention aux enfants (ceux de la famille et les autres), on craint une dénonciation aux autorités, le chien n’est plus jamais lâché, de plus en plus contenu, exclu des activités familiales et une subtile rancœur — bien réelle – s’est parfois installée, accompagnée d’une culpabilité encombrante. Le chien nous « pourrit » la vie et on est cruellement catapultés très loin de l’image idyllique du compagnon chien que nous avions en tête quand nous sommes allés le chercher à son élevage ou refuge.

On voit arriver les gens à la fois pleins d’espoir et d’attentes mais également quelque peu vidés de bienveillance, leur patience naturelle déjà passablement entamée et ils veulent des réponses : claires, concises et des résultats RA-PI-DES (parce qu’au tarif horaire, hein…) et ce, même si les problèmes et les épisodes inappropriés sont encyclopédiques.

C’est dans ce contexte exaspéré qu’il faut « vendre » l’idée — fort peu attirante — de patience et longueur de temps. Les soucis ne sont pas apparus pendant la nuit mais ils devraient disparaître dans la semaine. Si on n’obtient pas l’adhésion de tous (parents et enfants quand il y en a), il est difficile d’imaginer aller de l’avant. Le concept d’effort dans la durée, de constance, de persévérance n’est pas le plus populaire qui existe. L’assurance formelles d’inévitables « ratés », d’une régressions occasionnelle rebute allègrement. T’es éducateur ou quoi, tu chuchotes, tu communiques par télépathie, tu fais quoi ?

Justement moi, je ne chuchote pas et je ne communique ni par télépathie ni par « intuition »  :-?

Je rééduque   😉 

D’abord par des comportements de base souvent plus que défaillants et, ensuite, par une désensibilisation et/ou un contre conditionnement – qui seront aussi longs à se révéler efficaces que le temps passé à mettre en pratique les uniques réponses que connaît le chien confronté à un environnement spécifique. Comme slogan de vente, on peut sans aucun doute faire mieux – comme vérité, c’est la seule qui existe.

Je vous apprends à apprendre à votre chien des comportements de « base » (se focaliser sur vous quoi qu’il arrive, à répondre efficacement à son nom, à maintenir une position immobile sur demande, à répondre à votre rappel, etc.) – je vous apprends à les mettre en pratique dans votre cuisine, puis votre salon, jardin puis en extérieur – afin qu’ils deviennent, au fil du temps et des répétitions, des réponses solidement conditionnées. Ensuite, on travaille à la désensibilisation et au contre conditionnement du chien « in situ ».

« mais, cela va prendre combien de temps alors ? ». Mon succès, mon but, c’est de vous voir le moins possible, croyez-moi mais c’est un travail d’équipe où vous êtes et restez les principaux facteurs de succès et de rapidité. A vous propriétaires de chiens de prendre la responsabilité de ce travail, jour après jour et de vous accrocher aux branches des premières améliorations (parfois fulgurantes d’ailleurs) et des régressions inévitables.

Sans votre confiance et votre adhésion, rien n’est possible; fuyez ceux qui vous racontent le contraire – il n’y a pas de raccourcis en éducation, il n’y en a pas en rééducation.

Ils ont un message publicitaire plus attrayant que le mien, sans aucun doute, mais il n’existe aucune magie, aucun chuchotage, aucune communication ni molécule chimique qui résoudra ces problèmes de comportements sans votre implication totale.

Rédigé par Cynthia Edelman-Rota de MagicClicker

http://www.magicclicker.ch/il-faudra-combien-cours/

 

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Dogspirit Education Canine Comportementaliste 06.23.62.50.40 Montpellier et environs Tatjana Cerabona - Educateur canin, spécialiste de la relation Homme-Chien

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